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Avec Mademoiselle Maurice, le papier haut en couleurs se déploie en plein air !

01 mars 2017 —
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mademoiselle maurice

"J’aime à la fois la force et la fragilité du papier, ainsi que le fait de transformer une simple feuille en une forme poétique. J’apprécie son toucher, sa matière. Le caractère naturel du papier me parle également."

"J’aime à la fois la force et la fragilité du papier, ainsi que le fait de transformer une simple feuille en une forme poétique. J’apprécie son toucher, sa matière. Le caractère naturel du papier me parle également."

Toujours en quête d’idées fraîches autour de notre thème fétiche du papier, nous sommes allés à la rencontre d’une artiste atypique qui place la couleur au centre de ses créations exposées en extérieur : Mademoiselle Maurice. C’est à chaque coup d’œil une explosion de pliages aux nuances pétillantes se déployant sous nos yeux ébahis. La particularité de Mademoiselle Maurice est d’exposer ses œuvres à la vue de tous : sur des murs, des bâtiments historiques, des façades… Elle sort ainsi le papier du carcan des galeries pour le faire vivre au grand air, au contact d'éléments naturels. Le papier en sort libéré !

Mademoiselle Maurice : la révélation de l’origami

Mademoiselle Maurice en est venue au papier suite à son voyage au Japon et à sa rencontre avec l’origami. Depuis, elle a cultivé un goût pour des réalisations monumentales et principalement installées en extérieur. Brève histoire de son parcours.

 

Creative Power : Pouvez-vous nous parler de votre parcours? Comment êtes-vous arrivée au papier ?

Mademoiselle Maurice : J’ai grandi à la montagne, au milieu des fermes et des champs. Dans ce cadre bucolique, j’ai toujours aimé bricoler, dessiner, découper ou encore sculpter des branches de noisetiers à l’Opinel. De fil en aiguille, j’ai fini par suivre pendant 5 ans une formation en architecture, bien qu’au fond, j’ai toujours rêvé de « devenir une artiste quand je serai grande ». Un beau jour, je me suis lancée ! J’ai d’abord pas mal utilisé le fil, avant le papier. Ce qui est certain, c’est que j’avais en moi cette volonté d’utiliser un matériau sobre et modeste, pas cher et pratique. Puis, un séjour au Japon de presque une année a tout changé ! J’y ai découvert l’origami, y ayant séjourné en mars 2011, je me suis retrouvée aux premières loges du drame de Fukushima. C’est donc aussi un coup de gueule que j’ai voulu exprimer à travers mes créations, suite à cette catastrophe. En effet, mes œuvres parlent de l’humain, de la nature, du respect de cette dernière et du vivre ensemble avec et malgré nos différences.

 

CP : Vous intervenez dans de nombreux pays. Pouvez-vous nous parler de la dimension internationale de votre travail ? Est-elle voulue, recherchée ?

MM : Ni voulue ni recherchée, la dimension internationale de mon travail s’est présentée simplement, au gré des commandes. Elle a probablement été renforcée par Internet. Il faut dire que j’ai toujours eu à cœur de traduire mon site en anglais.

 

CP : Vos installations sont de grandes taille, souvent en extérieur. Comment appréhendez-vous ce genre de création ? Quelles sont ses contraintes et ses atouts ?

MM : J’aime beaucoup les grands formats et le fait de travailler en extérieur, même si cela est contraignant en terme d’intempéries, de support et d’imprévus. Ces types de réalisations donnent l’occasion de relever un petit défi : offrir au regard une œuvre dans laquelle le spectateur peut s’immerger plus facilement. Aussi, le travail en extérieur permet la rencontre avec le public et vraiment TOUS les publics, pas seulement une élite qui se rendrait au musée ou dans des galeries. Mes créations peuvent toucher tous les âges, tous les genres, toutes les origines.

 

CP : Vous investissez beaucoup de lieux très différents, des espaces urbains notamment. Comment conciliez-vous usage du papier et installation extérieure ? Le papier est-il traité pour l’extérieur ? Y’a-t-il une dimension éphémère recherchée ?

MM : Le papier que j’utilise n’est pas traité pour l’extérieur, mais il résiste assez bien à la pluie. Au final, ce sont surtout les UV qui le décolorent. Mais, en effet, mes installations sont volontairement éphémères, de passage, comme un cerisier en fleur. Je ne veux pas générer de déchets dans la ville et laisser une création « dépérir ». Cela représente aussi à mes yeux une réflexion sur l’héritage et la trace que l’on laisse derrière nous.

La place du papier dans les créations de Mademoiselle Maurice

À l’évidence, le papier occupe une place centrale chez la créatrice qui joue sur la multiplication des minutieux pliages pour créer du volume, des spectres colorés et un effet de dispersion. Un véritable feu d’artifice de formes géométriques qui, mises ensemble, enveloppent le spectateur et lui donnent l’illusion que les papiers prennent vie. Fascinant !

 

CP : Quel rôle tient le papier dans vos réalisations ? Qu’aimez-vous tout particulièrement dans le papier ?

MM : J’aime à la fois la force et la fragilité du papier, ainsi que le fait de transformer une simple feuille en une forme poétique. J’apprécie son toucher, sa matière. Le caractère naturel du papier me parle également, malgré les pigments chimiques souvent utilisés pour la coloration et la difficulté de trouver du papier « made in France » et 100 % écologique. Je cherche d’ailleurs de plus en plus à récupérer et transformer mes matières premières, au lieu de devoir les acheter.

 

CP : Vos créations se caractérisent par le pliage (l’influence de l’origami, je présume ?) et la couleur. Que pouvez-vous nous dire de plus sur cela ?

MM : Des centaines d’origamis sur les murs, des couleurs spectrales, un travail sur le vide et le plein, la dispersion et l’accumulation… Chacun de ces éléments constitue une facette de ma « marque de fabrique ». Ils sont le résultat d’années de recherches, d’idées et d’expériences.

Je ne sais pas si l’origami et le pliage caractérisent les plus mon travail. Il s’agit peut-être plus des couleurs et du travail sur des centaines d’éléments préparés à la main, patiemment et avec amour.

 

CP : Quelle sera votre prochaine installation ?

MM : Je travaille actuellement dans le cadre d’une résidence DRAC où je teste de nouvelles choses, à partir de matériaux que j’ai récupérés dans une benne et de bois que je re-découpe et transforme, pour ensuite peindre le tout et l’installer. Ensuite, je réaliserai une installation géante, dans un lieu à Berlin, composée de milliers de pliages à la fois suspendus et émergeant du sol. Via mon compte Instagram, vous pouvez d’ailleurs découvrir mes projets en cours quasiment en direct.

 

 

#Justaskantalis